Chers parents

Chers parents,

Si vous pensez avoir quelque influence sur vos petits bouts, n'en croyez rien.
Ils sont et restent les enfants de l'Etat, même par temps de paix.
Tout est fait pour qu'ils soient formatés dès leur plus jeune âge et ce n'est pas votre éducation qui pourra les influencer...
Si vous pensez avoir donné la vie à des enfants, vous vous trompez.
Ce sont des enfants-rois avec des privilèges et des droits.
N'essayez même pas de leur parler de leurs obligations à moins d'être considérés comme des Martiens...
Ils ne pensent plus par eux-mêmes, englués dans leur jeux, ils se désintéressent  de la politique et de ce que le pouvoir leur réserve.
Quel merveilleux paravent qu'est cet outil informatique, un cache-misère, qui fabrique des petits robots
incapables de penser par eux-mêmes.
Bien sûr, certains parviendront à passer à travers les mailles de cet immense filet mais combien ?
Les familles sont attaquées de plein fouet, on leur dicte leur conduite.
Il faut ménager ces petites têtes et punir tous ceux qui prennent des initiatives personnelles...
Pour ne citer qu'un exemple : Lorsqu'un élève fait un exercice supplémentaire ( et qu'il donne par la même occasion du travail à son instituteur), il se voit retirer des points pour non respect des consignes.
Pire, il reçoit des points négatifs et lorsqu'on essaie de savoir à quoi ça pourrait correspondre... Silence radio.
Lorsqu'on convoque un parent aux réunions de parents, c'est à l'enfant qu'on s'adresse, le parent faisant office de porte-manteau.
Les jeunes parents doivent marcher dans les clous, avec prudence, au risque de se faire critiquer ou traiter de
" fouteurs de trouble".
Et on ne se gêne pas de les montrer du doigt, devant le " petit prince" leur indiquant clairement qu'ils ne sont pas un exemple à suivre.
Ce n'est pas le petit prince de Saint-Exupéry, bienveillant mais un enfant, qui, en grandissant deviendra de plus en plus capricieux.
Il exigera toujours plus de sacrifices à ses parents car, naturellement, tout lui est dû.
Certains se comportant comme des petits tyrans n'hésitent plus à commander leur parent avant de les avoir ouvertement
évincés.
C'est ainsi que notre enfant-roi pourra asseoir son pouvoir. D'un côté, il jouera adroitement avec l'attachement de ses parents et de  l'autre, il les trahira.
Lorsqu'il n'obtiendra pas ce qu'il veut, petit, il fera des crises. Plus grand, il manœuvrera  pour attirer des ennuis...
S'il est délinquant, la faute incombera automatiquement à ... Vous l'aurez deviné, à ses parents !
Ceux qui résisteront se feront traiter de tous les noms et vous aurez de la chance s'il se contente de vous faire qu'une une mauvaise réputation. D'autres seront ruinés...
Si la famille explose, on en conclura que vous n'avez pas été à la hauteur, vous, les adultes et que votre enfant, cette pauvre victime qui aura eu tout et même sans doute de trop, est malheureux à cause de vous...
Combien de familles finissent par se déchirer... ?
Mais ne dit-on pas " Diviser pour régner" afin qu'il n'y ait plus de solidarité possible intergénérationnelle...
Et comme ce petit Prince est individuel, même s'il a des frères ou sœurs, il tracera sa route en faisant abstraction d'eux...
Seul, compte son bien-être immédiat, sa consommation effrénée de plaisirs virtuels, un accès facile favorisant ses penchants à la paresse.
Il sait que s'il n'est pas le premier dans un domaine, il ne peut parvenir à rien.... C'est ainsi, qu'en les démotivant dès leur plus jeune âge, ils deviennent des adolescents blasés, sans repères et totalement oisifs.
Quand on sait où mène l'oisiveté, ça ne promet rien de bon.
Mais notre siècle est réservé aux jeunes, ils y ont leur place, au chaud... affalés sur le divan.
Leur vieux n'ont qu'à se démerder et surtout, ne rien attendre d'eux puisqu'ils ont déjà décidé de ne rien donner.
Ils sont avides de tout prendre et de le garder jalousement pour eux.
Certains ignorent même ce que c'est que l'empathie... Et ils se ruinent la santé à ne plus bouger, à s'ankyloser avec les années connaissant très jeunes des problèmes dorsaux, souffrant d'insomnie et d'obésité...
Mais comme des automates, ils continuent dans leur petite routine bien rodée, jouant à volonté, s'engluant dans des petits studios,
s'arrangeant de petits revenus sans penser une seconde à gagner leur indépendance ou leur croûte.
Leur Eden est si beau qu'ils y restent confinés sans réaliser qu'il vieilliront très vite, bien plus vite que leurs aînés.
Quand, à leur tour, d'autres enfants-rois leur confisqueront leur couronne, qu'adviendra-t-il d'eux ?
Déchus, sans avenir et la merci de cette société qui les a élevé si haut et qui n'aura pas de scrupule à les faire redescendre, plus bas que terre, dans l'enfer du trottoir ou dans un minable débarras, ils se mettront à creuser leur tombe...
"Le roi est mort, vive le roi !"